Sylvia Thénard, militante à "Si on s'alliait ?"

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Sylvia Thénard est l'une des animatrices de l'association Si on s'alliait ? Très active sur le quartier de Villejean, l'association « milite pour la défense des droits, sans lien avec aucun parti, mais politisée, avec un esprit critique revendiqué. Elle assume un rôle de contre pouvoir. »

Avec ses collègues (1) et de nombreux bénévoles, Sylvia Thénard est présente sur tous les fronts. C'est elle que j'ai rencontrée, mais elles ont un fonctionnement très collectif. Leur action principale, avec des interruptions dues au Covid, est le soutien aux démarches administratives depuis févier 2020. Chaque mardi et jeudi (2), pendant deux à trois heures, une équipe de Si on s'alliait dépanne les habitants du quartier pour les relations avec la CPAM (caisse primaire d'assurance maladie), la Caf (Caisse d'allocations familiales), Pôle emploi...

Par exemple, dans les relations avec la préfecture, pour la carte de séjour, tous les rendez-vous doivent se faire par internet. Les difficultés varient selon les cartes de séjour. Les dossiers , les explications.... tout est par internet. Quelques étudiants viennent aux permanences pour leur carte de séjour. « C'est une certaine façon d'empêcher les personnes d'accéder à leurs droits, estime Sylvia. Plus on rend l'accès aux droits difficiles et moins de personnes y accèdent. Il y a une réelle volonté politique, derrière ça. » Ces "nouvelles" procédures viennent des réductions du nombre d'emplois dans les services publics. L'aide individuelle n'est pas le «cœur du métier» de l'association : c'est d'abord le soutien à l'action collective.

Sylvia Thénard, Claire Saint Sernin, en discussion avec Yannick Nadessan, élu municipal, sur le marché de Villejean, vendredi 26 juin 2020.

« On part des besoins des gens »

L'association veut répondre aux besoins exprimés par les gens. «A Si on s'alliait ? on part toujours des besoins des gens ». Au cours d'un atelier numérique, le vendredi matin, « on apprend à aller sur le site de la CAF, ou à obtenir d'autres infos d'accès aux droits. Ce sont des habitudes à prendre, des logiques particulières ». Le plus souvent, pour accéder à ses droits, il faut passer par un ordinateur. « Pour beaucoup de gens c'est compliqué, et d'ailleurs pour tout le monde c'est compliqué ! ». Sylvia poursuit : « Il y a un sentiment de mal être, la société avance sans eux».

Deux bénévoles animent un atelier d'écriture et de lecture en français. En 2021, trois femmes y participaient. «Elles parlent très bien le français, mais ne savent pas le lire et l'écrire. » Cette activité va reprendre très vite. A partir de témoignages, les participants de l'atelier théâtre créent des saynètes sur les discriminations, par exemple, pour les jouer, en discuter et inviter au débat.

Ils manquent de confiance en eux.

L'association appuie les locataires lors de rencontres avec les bailleurs sociaux. Face aux problèmes d'isolation, d'humidité... quand les bailleurs sociaux tardent à réagir : « S'ils n’ont pas la pression des familles qui vivent tous les jours dans leur logement, ils attendent. Les locataires ont peu de place dans les décisions. Les responsables ne sont pas en lien avec la vie des personnes. Les locataires ont besoin d’être écoutés. Les bailleurs disent "on veut faire des travaux, prendre soins de nos locataires", mais en même temps, ils disent qu'ils n'ont pas de sous. »

Les bailleurs ont pourtant des salariés dans les immeubles qui peuvent faire remonter les problèmes ? «Les médiateurs sont des salariés des bailleurs : ils agissent peu », regrette Sylvia Thénard, même si elle admet : « Quelquefois, ça fonctionne. » « Parfois soit les gens ont peur, soit ils pensent qu'ils ne savent pas. Ils manquent de confiance. Le groupe donne de la puissance et donne du courage pour y aller. ». Si on s'alliait ? leur apprend à s'exprimer, à défendre leur point de vue, à prendre de l'assurance : c'est l'un des rôles de l'atelier théâtre.

D'autres associations agissent aussi sur le quartier. Mais estime Sylvia Thénard, « pour elles c'est souvent plus compliqué pour afficher leur positionnement, pour se mettre en conflit avec des institutions. »

Jean-François Bourblanc

(1) Alice Le Retrait, Asma Mustafa, Mélisande Tartrat et Claire Saint Sernin, en congé maternité jusqu'en avril.

(2) le mardi de 10h à 12h30, le jeudi de 14h à 16h30 au 30 rue du Bourbonnais au bout de la dalle Kennedy

Voir aussi sur Histoires ordinaires : Perrine et Mélisande , étudiantes, engagées sur le quartier